[Chouquette] — Kalev ♥

Date d'inscription : 07/07/2013

Un sortilège d'oubliettes ? Kalev afficha une expression douce-amère. Il n'aimait pas cette magie. Kalev dépréciait très peu de choses dans ce vaste monde, mais l'oubli en faisait parti. Il y avait quelque chose d'infiniment triste à se retrouver privé, ne serait-ce qu'en partie, de son accès privilégié à sa propre mémoire. Une mémoire, c'était ce qui constituait un être humain, en quelque sorte. Chacun était composé de ses expériences passées, dont il se souvenait, et qui lui permettaient autant d'éviter la répétition d'un échec, que de réitérer un succès. La mémoire permettait le progrès. Puis la mémoire permettait de pouvoir chérir ce qu'il y avait de meilleur parmi les moments passés. Un charme aussi poétique que celui du patronus ne pourrait exister sans mémoire. Mais parce que Kalev n'était pas très philosophe et ne désirait pas paraître pompeux, il garda le silence sur ce sujet. Peut-être était-ce quelque chose dont il reparleraient plus tard, si jamais ils trouvaient effectivement l'occasion de se revoir prochainement. Tout dépendrait de la volonté de Ludovic. Kalev, lui, ne fermait jamais sa porte à clefs face à des visages amicaux.

- Y'a pas spécialement de honte à avoir tu sais, finit par trancher Kalev au lieu de se murer dans un silence inutile. Tout le monde à le droit d'avoir un coup de mou. Même Mantis et Emerald doivent pleurer de temps en temps, si ils sont humains. Ce qui, par contre, reste à prouver. Cette plaisanterie sentait le vieux, mais elle était indémodable. Enfin, j'accepte tes remerciements. Un merci fait toujours plaisir. Je crois qu'universellement, on préfère tous entendre un merci qu'un pardon.

C'était probablement prétentieux d'affirmer ça en se basant sur ses propres sentiments, mais Kalev aimait universaliser les sentiments les plus positifs. C'était infiniment plus plaisants que de croire que chacun ici bas passait son temps à faire preuve de pessimisme et à rejeter la gentillesse d'autrui.

Enfin, ceci dit, Ludovic avait raison. Ils devaient se décider sur ce qu'ils allaient faire maintenant. En soit, ils ne discutaient pas depuis si longtemps que ça, il y avait des chances pour qu'ils n'aient pas raté grand chose et que la pièce n'en soit même pas encore arrivée à l'entracte. Il était largement temps de retourner s'asseoir et de profiter du spectacle.

- Je pense que je vais retourner voir la pièce, histoire de rentabiliser l'achat de mon billet. On n'a pas loupé tant que ça. Tu viens, toi aussi ?

Tout en posant cette question, Kalev ouvrit la porte des toilettes et sortit. Que Ludovic décide de rester au non n'était pas la question la plus urgente, dans le sens où ses affaires étant restée sur son siège, il allait au moins suivre Kalev jusque là-bas. C'était, tout du moins, ce qu'il pensait.
Ayant repéré la bonne place, Kalev retourna s'installer, content de constater que rien n'avait bougé. Pas qu'un vieux manteau puisse intéresser grand monde, mais on était à l'abri de rien. Néanmoins, la différence de luminosités entre les toilettes et l'atmosphère tamisée du théâtre firent un peu mal aux yeux à Kalev, qui retira ses lunettes un moment pour se frotter les paupières et l'arête du nez. Puis, lorsqu'il se sentit un peu mieux, il lui replaça sur son visage, et jeta un oeil à ce qu'il se passait sur scène.

Il avait deviné juste : la pièce n'en était pas encore très loin. La vélane et son amant prouvaient leur amour au père du jeune homme, à l'expression un peu effrayante. Et, pour témoigner de leur lien, le garçon embrassa sa vélane, ce qui arracha quelques "ohhh" attendris au public.

Date d'inscription : 12/03/2014

« Lorsque Ludovic avait vu Kalev s’éloigner de lui, et lui offrir son dos; il s’était mis à pleurer. Quoique, il y avait du progrès : il l’avait fait silencieusement et sans reniflements. Aussi était-il resté un instant là, à contempler de loin la personne qu’il n’arriverait sans doute jamais à faire tomber. Comment pouvait-il s’y prendre ? Il devrait commencer par le faire rire, non ? Tout en restant lui-même, car il n’y avait rien de plus bancal que ceux changeant pour plaire. Il fallait qu’il reste Ludovic James Dave; au possible celui sous son meilleur jour et. Qu’il ressente l’expérience ? De manière plus normale, banale — de manière plus lui vous comprenez. Aussi peut-être qu’il arriverait à le faire sourire, à paraitre sous un autre jour. Et avoir été misérable ce soir n’était peut-être pas si mal, non. Car cela voulait dire que Kalev serait d’autant plus impressionné de ce qu’il pouvait être et lui offrir. Aussi resterait-il plus longtemps dans son esprit et marquerait-il sans doute quelques points.

N’était-ce pas là des idées fabuleuses ?

Se mouchant un bon coup, il avait fini par rejoindre sa place ou restaient encore quelques unes de ses affaires, à savoir : son gilet. Et dans son gilet il y avait sa poche magique, et dans sa poche magique il y avait tout un monde que les adolescents avaient tendance à qualifier d’un « wesh, y’a ma vie la dedans, c’ma vie quoi; j’suis perdu sans ! ».

… Well. Se redressant et affrontant le monde de son mètre quatre-vingt et des poussières; il avait séché ses larmes et avait empoigné son bien. « Je pense que je vais partir. »

Cela avait sonné comme une sentence. Le ton avait été solennel; et sa manière de se tenir n’avait fait qu’accroitre le sérieux de son air. Sa blondeur rendait sans doute la scène un peu ridicule, car le brun avait sans doute plus de charisme lors de ce genre de déclarations; mais tant pis.

Il aurait essayé. Grave.
Peut-être que la dark-attitude séduisait Kalev après tout. Enfin c’était peu probable mais; l’on ne savait jamais. Et puis les gouts pouvaient changer. … Bref.

« Je pense que je vais partir, oui. » Et il avait répété ça sur le même ton, ferme. Mais pourtant ses jambes elles ne semblaient pas avoir compris. Non car elles restaient là, plantées à terre, en fusion avec le sol. Et autant vous le dire, c’était fort dérangeant. … Non car là c’était plus trop le moment de faire une sortie classe, quoi. « Herm. »

Ludovic avait reniflé.
Avec dignité, du moins. Et il fallait noter que ceci était un détail important après tout le pathos qui avait dégouliné de lui le dernier quart-d’heure durant. « Je te souhaite un bon spectacle Kalev, et je te dis à la revoyure ! Que du bon, oui; je te souhaite que du bon. J’espère que l’on ne se croisera pas à St-Mangouste. Pas que cela me déplaise, bien au contraire; mais car on ne vient pas à St-Mangouste pour dire bonjour, la plupart du temps. »

Oui. Il s’était senti de déranger tout le monde en parlant à Kalev, et il s’était senti de déranger Kalev aussi. C’était comme ça, et il n’était plus en condition de euh. Force, après tout. Il avait été un boulet du début jusqu’à la fin, alors autant bien mettre les pieds dans le plat jusqu’aux adieux. « Sur ce, la bise. »

Il s’était retourné tel un robot, et après un geste de main digne des plus grands romans amoureux; avait enclenché la marche. La longue marche qui le trainerait jusqu’à chez lui, si il ne décidait pas de transplaner à la sortie du théâtre. … Ce qu’il allait surement faire, d’ailleurs; si il continuait à pleurer comme ça. Quoique, dans ces conditions c’était plutôt à St-Mangouste qu’il allait aller, pour leur demander si il n’y avait pas un problème ou une défaillance dans son système émotionnel-immunitaire-truc-machin.

On se foutrait sans doute bien de lui, mais tant pis. Car sérieusement, depuis quand était-il devenu aussi lourdingue, et par dessus tout… Depuis quand s’était-il retenu comme pas possible de ne pas faire de bisou sur le crâne de son camarade avant de disparaitre tel un euh. Personnage de haut rang.
Depuis jamais, depuis maintenant.
Enfin. Tout touchait à sa fin.
Soupir.