Le temps n'était clairement pas à leur avantage. Ils étaient une équipe toute fraîche et ils avaient rarement eu l'occasion de s'entraîner dans de telles conditions. Pourtant, ils se débrouillaient plutôt bien. Même si les cognards volaient un peu partout et que le souaffle devait être quelque part. Ne parlons même pas du vif d'or qui avait disparu de la surface planétaire — le coquin. Enfin le problème principal de pan n'était pas de trouver la balle joueuse, mais tout simplement de rester droit sur son balai — chose peu aisée si vous en croyez les jurons qui se déversent de ses lèvres sans interruption.

Il fallut temporairement mettre de côté la recherche du vif d'or. Juste le temps que les deux cognards arrivent successivement. Le premier, envoyé par la batteuse bleue, percuta sa cheville dans un grand crac. Il ne sentit rien du tout sur le moment, en fait, alors il se dit que c'était la protection qui avait fait ce doux bruit, mais il vira tout de même un peu au vert. Garfield savait qu'il résistait bien à la douleur, et qu'avoir autre chose à faire détournait son attention. Alors on verrait à l'atterrissage.

Ce qu'il n'avait pas vu venir, par contre, c'était l'autre balle qui arrivait dans son dos. Juste entre les omoplates. Et là, il la sentit passer. Il eut la respiration coupée pendant un moment, son balai descendant dangereusement, mais il parvint à remonter avant de s'écraser lamentablement au sol. C'était le moment d'aller faire un peu de sur-place à côté d'une tribune pour voir si la brûlure de ses os passait et s'il parvenait à respirer sans hoqueter. Si pas, il était dans la merde.

C'est presque la tempête. Tu ne vois presque rien avec cette pluie. C'est tellement épais. Y'a des couleurs, des bruits, de l'humidité. Tout ce qui faut pour un match de génie. Bien sûr. Splendide. Oh mon dieu, qu'ça t'agace d'un coup.

Si bien que tu crois voir le poursuiveur avec le souaffle. Te dirigeant vers lui, lourde d'eau, tu interceptes un cognard avec ta batte pour que celui-ci aille s'écraser entre ses omoplates.

Mais non. C'est pas le poursuiveur. Ou la poursuiveuse plutôt. Non ? Parce qu'elle vient de te passer sous le nez, Sacre bleu ! Alors tu as frappé sur qui ? Et bien sur l'attrapeur Jaune. Garfield. Encore.

Houlà. Violet avait entendu son collègue s'arrêter de commenter, ce qui n'était pas spécialement normal, mais elle avait préféré aller lui tapoter le dos gentiment plutôt que de reprendre le fil des explications. Même si les bruits étaient dégoûtants. Elle comprit tout à coup pourquoi il utilisait le micro plutôt qu'un sonorus. Sage précaution.

Mais il fallait reprendre le fil.

« Ça va... ? » Violet, elle, utilisait un sortilège d'amplification pour sa voix. Oups. « Oui donc. Evelynn a marqué ! » Avec un temps de retard, c'était tout à fait convainquant. « C'est Victoria qui récupère le souafle pour l'équipe jaune, et... Ouch. Encore l'attrapeur de Poufsouffle. Il a pas de bol. La poursuiveuse arrive près des buts avec le souafle sans rencontrer d'obstacle, elle tente le lancé, et... OOOH. C'est le but ! Le gardien n'a rien vu venir ! »

Un petit coup d'oeil inquiet vers Light. Toujours en vie ? Apparemment. Continue comme ça.

« Donc les scores soont... » Rapide calcul. « 20 partout ! C'est très serré ! »

C'était stressant, en fait, de commenter.

La vie suivait son court. Les oiseaux chantonnaient gaiement. Les abeilles butinaient de fleurs en fleurs avant de rentrer à la ruche. Le soleil— était parti se prendre des vacances il ne savait où. Et puis il y avait la pluie. Cette stupide pluie torrentielle qui ne semblait pas prête de s'arrêter. Pan serra les dents, plissa les yeux, essayant d'apercevoir vaguement le déroulement du match. A la moindre ombre menaçante, il s'écartant de justesse, dérapant de temps en temps sur plusieurs mètres. Malgré les courbatures, il n'était pas trop mal logé, ses os étaient toujours à leur place. Pas comme Garfield qui semblait être devenu unes des cibles prioritaires des cognards.