Stupide pluie. Garfield était certain de ne plus oublier ce scrogneugneu de sort d'imperméabilité sur ses lunettes, la prochaine fois. Il valait mieux se concentrer pour râler sur la visibilité que de faire attention à la douleur. Il était particulièrement doué pour le déni, et ça comprenait celui de ses propres sensations. Il avait froid, c'était probablement le seul signe de cette auto-anesthésie. Il ne fallait pas penser à après le match, sinon il allait vomir.

Il vit un éclair doré de l'autre côté du terrain et se précipita, bousculant Evelynn au passage.

« Oups pardon ! »

Tendre le bras, et... Et le ramener en vitesse contre lui en sifflant de douleur. Encore un cognard, et vachement mal placé. Ce coup-ci, il avait mal.

« Plus les secondes passaient, plus Elise s’agaçait —  le temps stéréotypé du pays lui mettait les nerfs à vif. Il n’était jamais très sympathique de voir une poignée de joueurs durant le match se faire amocher par quelques cognards enragés ; mais ici, l’on pouvait presque dire que la totalité des deux équipes se noyait dans les bourbes et les erreurs. Aussi, quand la blonde capitaine vit l’attrapeur adverse subir son troisième cognard, elle sortit baguette ; la gorge nouée. Se rapprochant de lui sans pourtant aller le coller, elle formua un discret Cura Vitalis à l’égard du Poufsouffle. Qu’il soit un ami ou un rival à cet instant importait guère — le souafle vint d’ailleurs quelques secondes plus tard se lover dans ses bras, Sloan ayant enfin réussit à cogner Wesley. Bien. Sans plus attendre la poursuiveuse s’élança vers les buts tout de jaune gardés.

Ce match est une catastrophe. Tu le dis et tu le répètes. Ca avait commencé avec la pluie. Et l'indifférence. T'en avais rien à faire. Mais les fiasco se sont enchainés. T'es pas concentré. Genre pas concentré du tout. Et voilà qu'ils continuent. Et que tu prends un Cognard. Avant même d'avoir pu réagir ou même frappé la balle. Et la voilà qui passe, droit vers les buts. Tu ne prends même pas la peine de la regarder. A quoi bon après tout ?

« Épargnée par les batteurs Poufsouffles, Elise se dirigea vers les buts. Voyant du coin de l'œil sa batteuse se prendre un deuxième cognard en pleine tête, la blonde poursuivit son chemin — priant pour qu'Aleksandra ne finisse pas hors jeu dans les minutes à suivre. Arrivant à proximité des cages, la préfète resserra son emprise contre le bois de son balai poisseux d'eau, avant de positionner le souafle dans son autre paume. Elle ne laisserait pas une troisième humiliation la cueillir au vol. Cette fois, elle devait marquer — elle balança donc la sphère vers la cage principale de toute ses forces, la bousculant d'un coup de balai ; espérant ainsi faire gagner à la balle assez de rapidité pour passer outre la garde d'Elyrian.

La pluie, la mal chance. Tout. Tout est contre toi. Ton équipe. l'équipe des jaunes. Tout. Alors que ton corps est lourd de toute cette eau, qu'Elise se rapproche des buts, tu la suis, espérant mettre hors service la Gardienne.

Mais non. Non pas du tout. Au lieu de ça, sortant d'entre les gouttes, tu te prends un violent Cognard dans la tête....

Si ça continue ça va faire comme dans le Match contre les Serpentards. Et tu n'es pas sûr de tenir cette fois.

Après la pluie le beau temps. Tsch. De telles inepties ne devraient jamais voir la lueur du jour. Rien que le fait qu'une personne ait pu penser cette sentence comme véritable et justifiée lui hérissait les poils des mollets — le troisième en partant de la gauche. Pan aurait pu continuer sa route, vaillant, bravant les éléments. Mais non. Il avait fallu qu'une stupide balle noire et vraiment trop violente pour le bien de l'humanité vienne dire bonjour avec amour à son avant-bras droit. Crac. Saloperie. Il ne peut pas s'empêcher de jurer bruyamment, se mordant la langue au passage. De mieux en mieux. Il dirigea doucement son balais non loin des gradins pour observer les dégâts de ce fichu cognard.

Garfield aurait cru qu'il allait se planter en beauté, après autant de cognards et de coups de vent qui le faisaient valser dans tous les sens, en plus de cette pluie qui le glaçait jusqu'à l'os, mais en fait pas. C'était bizarre, il se sentait mieux, alors qu'il aurait dû être en train de lutter pour ne pas pleurer comme un bébé. Enfin, il n'allait pas se plaindre.

Un minuscule mouvement attira encore son attention, juste après qu'il ait grimacé en voyant Pan se prendre un cognard quasiment au même endroit que lui un peu plus tôt, et il partit dans cette direction. Pour tomber nez à nez (ou plutôt, nez à corps entier) avec Meme. Encore cette fée ?!

On repart dans l'autre sens, et vite !

Depuis le début du match, Caesius se faisait discret. Il était en charge de surveiller les deux commentateurs de Quidditch - comme ça avait toujours été le cas depuis que Ruber lui avait refilé le rôle.

Il n'était pas très à l'aise avec les manifestations publiques, et en plus, il était particulièrement nul et incompétent en Quidditch. Même si il connaissait les règles - c'était déjà ça.

Étant donné que l'un de deux commentateurs avait le vertige, et que le second lui venait en aide, Caesius se chargea de commenter les dernières actions.

« Euh - donc, c'est Poufsouffle qui a la balle - le souafle, c'est Jefferson qui fonce vers les buts et - ah, non, Jefferson s'est pris un cognard dans la cuisse, envoyé par Holmes, j'espère que ça va. »

Il s'en faisait toujours un peu trop, il se racle la gorge.

« Serdaigle récupère le souafle, Dickney se faufile vers les buts adverses - ah, je crois que le cognards sont très excités aujourd'hui, deux batteurs s'en sont pris un - oh, Serdaigle marque ! »

Il l'avait dit comme si ça l'étonnait (c'était serdaigle), mais il était véritablement enthousiaste.

« Serdaigle mène dont trente points à vingt et c'est Poufsouffle qui récupère le souafle ! »